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ARRIÈRE PAYS

DÉMARCHE:

Ce qui s’avance du non-présent dans la présence...

Si l’art est ce qui plaît au premier regard, les toiles de Marie Gauthier ont cette vertu. Par les couleurs, simples sans doute et parfois brouillées par une manière de vibration interne ; par les figures en lesquelles on discerne des cercles qui tendent vers l’ellipse, des lignes qui s’affranchissent de la rectitude absolue, et parfois des objets géométriques où s’introduisent comme d’infimes atténuations de la forme attendue.

De là vient que ces toiles recèlent comme un appel, pour qui les regarde et se sent attiré par elles, à découvrir le cheminement qui doit le conduire vers le sens qui est en elles. A quoi peuvent l’aider les dénominations heureuses que l’artiste leur a attribuées : « Aube », « Gémellaire », « Dévoile », « Ruines », « Arpenteur solitaire »… toutes ces œuvres traduisent une vision, mieux, une hantise profonde : celle de choses, d’êtres, de mondes en train de se faire, surgissant du néant pour passer à l’être, éprouvant en même temps la menace de la destruction et du retour ; et tout cela dans le tremblement de la matière qui se forme, mais aussi de l’esprit qui guettant cette naissance, ne se tient pas éloigné de cette création, qui est aussi la sienne.

S’il est un titre qui pourrait recouvrir l’ensemble de ces toiles, c’est celui de « Poïésis » que Marie Gauthier a donné à quelques unes d’entre elles : Poïésis  pour les grecs et selon Platon, c’est ce –quel qu’il soit — qui s’avance du non-présent dans la présence.

Ainsi ces œuvres, elles-mêmes créations, représente ce moment presque indicible où les choses commencent d’accéder à l’existence, mais toujours menacées.

Roland Suvelor

Ecrivain

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