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NOCTURNES

DÉMARCHE:

Prélude

« Le vrai peintre, toute sa vie, cherche la peinture » (Paul Valery).

Ce n’est peut-être pas tant la peinture qui est importante, mais cette recherche de toute sa vie, qui de manière singulière, prend forme, couleur, lumière, matière dans l’œuvre d’art.

L’ensemble des œuvres de cette exposition,  n’a pas le souci d’étonner par des formes originales, des nouvelles techniques, des dimensions qui en mettent plein la vue.

Il s’agit plus, pardonnez la prétention, d’attirer un moment le regard, pour une rencontre, où l’œuvre met à l’épreuve sa profondeur avec la ‘propre nuit’ de celui qui a le désir ou l’idée d’y entrer ; d’où sa dimension d’incertitude.

 

« L’œuvre est œuvre seulement quand elle devient l’intimité ouverte de quelqu’un qui l’écrit et de quelqu’un qui la lit, l’espace violemment déployé par la contestation mutuelle du pouvoir de dire et du pouvoir d’entendre ».

Ce que Maurice Blanchot pense de l’œuvre poétique peut parfaitement se projeter sur l’œuvre plastique.

Qu’est-ce qu’un paysage, sinon un espace qui s’offre à la vue pendant un temps 

particulier ? Méditation, nostalgie, rêverie en seraient certaines des caractéristiques par ailleurs communes à ces pièces musicales de facture assez libre appelées Nocturnes.

 

« Quand Orphée descend vers Eurydice l’art est la puissance par laquelle s’ouvre la nuit »

(M. Blanchot).

 

Nuit inspiratrice, mais aussi nuit essentielle à l’expérience intérieure, celle qui nous approche du repos, du silence, de l’absence, de l’oubli, de cette autre nuit, dont le fin fond est lumière.

Ces paysages nocturnes, crépusculaires, parfois lumineux, sont des lieux de l’âme circonscrits et ouverts ; un champ dans un hors-champ infini, absent et présent à la fois. C’est ainsi que les titres font peu référence à des lieux mais plutôt à des états d’une expérience singulière qui se révèlent par des prélèvements d’un espace-temps de l’infini, déterminés pour les besoins de l’œuvre dans des mesures précises qui pourraient d’ailleurs être autres.

Ce qui est important, c’est que « l’art est expérience, parce qu’il est une recherche et une recherche non pas indéterminée mais déterminée par son indétermination » (M. Blanchot)

Le véritable artiste fait de son œuvre une voie; une voie ouverte à la nuit. Zarathoustra ne nous dit-il pas que « la nuit est aussi un soleil » ?

Marie GAUTHIER

Avril 1995

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