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EXIL OU LES INSEPARABLES

DÉMARCHE:

Les « indiennes », étoffes rapportées au XVIIe siècle, contribuent largement au transfert culturel de l’Inde en Europe. Dans ma pratique, j’utilise depuis longtemps le voile indien comme base matérielle. J’aime sa qualité fine et souple, ses motifs décoratifs et son aspect symbolique de parade du corps, dans les deux sens du terme. 

Dans les œuvres présentes, le tissu indien marouflé sur la toile provient d’une jupe en mousseline de coton imprimée des motifs de la faune et de la flore tropicales. Elle constitue le support d’où se déploie mon imaginaire. Le choix du vêtement féminin dans mon œuvre exprime par contiguïté le corps d’une femme balancée au vent de ses incertitudes et de ses désirs. C’est une invitation à une rêverie féminine et tropicale.

Je joue avec la matière lisse ou plissée du tissu, les coutures et les couches successives d’apprêt et de peinture. Les formes et les couleurs sont parfois renforcées, parfois effacées. L’évacuation partielle des motifs permet d’en faire surgir d’autres. Un nouveau sens se révèle ainsi par la partition structurelle des espaces, plans ou perspectifs, liés au symbolique, à l’imaginaire et à l’interaction des deux. Dans mon travail, on reconnaît un fil continu de thèmes récurrents : le sens intime de l’expérience qui se vit dans le visible et le caché, le désir, l’incarnation, l’effacement, l’absence, l’éloignement. 

 

Dans ces deux toiles, le titre, Les Inséparables, est induit par le motif initial du tissu choisi où apparaissaient ici et là, des perroquets dans une nature enchevêtrée. Trois pans à la fois séparés et liés articulent le tableau. À gauche, une frise recolorisée du motif initial fixe le réel dans une marge verticale. Au centre, dans un grand carré, flotte un semis de fleurs et végétaux informes, qui rappelle les tapisseries mille-fleurs, les miniatures orientales, jardin d’éden ou jardin clos de l’âme. Le troisième pan, baigné d’une intense lumière, voile les motifs et les corps et figure un espace intemporel. 
L’œuvre finale révèle la « séparation de l’inséparable », la permanence de la mémoire, la poétique de l’amour et de l’exil.

Marie GAUTHIER

Janvier 2019

Le Lamentin

Martinique

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